Mullingar. 18 529 habitants. 18 530 avec la nouvelle née. Emerson Lily-Rose Pearson. Un duvet roux, des grands yeux oscillant entre le bleu et le vert, des joues roses à croquer, des tâches de rousseurs à peine perceptibles. Une adorable petite princesse pour ses parents. Une mioche toute baveuse en plus pour ses deux frères ainés. Une compagne de jeu pour le petit dernier de la fratrie Pearson. Pearson, un nom aussi vieux que la ville elle-même, la plupart des firmes de Mullingar porte le nom Pearson, que se soit sur la devanture d’un magasin que sur le titre de propriété d’un terrain.

Le temps passe, une alarme sonne, étage maternité, chambre 224, chambre d’Elizabeth Nova Pearson. Une hémorragie interne. Son corps n’a pas tenue, deux accouchements la même année, une grossesse à risque, un bébé de trop. Mais Elizabeth voulait absolument avoir une fille. Elle l’a eu. Le temps de quelques heures avant de rejoindre l’autre côté.

Mullingar. 18 530 habitants. 18 529 avec la nouvelle défunte. Elizabeth Nova Pearson. Des cheveux de feu, autant coloré que son caractère. Des yeux bleus électriques et une fossette à croquer. Une femme irremplaçable pour son mari. Une mère dévouée et passionnée pour ses trois premiers enfants. Une maman absente pour la toute dernière de la fratrie Pearson. Pearson, le nom d’une famille en deuil en ce jour du neuf Novembre 1990, en deuil certes mais plus soudée que jamais.

Le temps passe, le bruit d’une procession funèbre. Un enterrement douloureux et qui traine en longueur. C’est la fin d’un chapitre. Le commencement d’un autre.


Julian, le plus jeune frère de la fratrie Pearson se glissa dans un lit qui ne lui appartenait pas, se collant au corps chaud déjà présent sous les couvertures. Il déposa un baiser sur la joue droite de la jeune fille qui commatait dans cet interlude entre le sommeil profond et le réveil, la mettant de bonne humeur pour cette journée qui s’annonçait merdique. Ils furent rejoint par Jayden, qui a son tour entra dans le lit à la gauche de Lily, pour lui déposer un baiser sur sa joue avant de lui chuchoter un « bonjour » d’une voix ensommeillée. Ce qui acheva pourtant d’éveiller les trois jeunes gens fut l’ainé, Jared, qui sauta sur le lit, les chatouillant les uns après les autres avant de s’étaler dans le lit à leurs côtés.

Aujourd’hui était leur première et dernière rentrée au lycée ensemble. En effet, Julian et Lily débutait le cycle secondaire alors que pour Jared, cette année annonçait sa fin et le passage de son bac. Les quatre adolescents étaient très proche, plus que la plupart des frères et sœurs à leurs âges, ils n’avaient aucuns secrets les uns pour les autres, rien de tabous, rien de cachés. Il faut dire que leur « papa poule » comme se plaisaient les garçons à appeler leur père, les avait mit dans une pension militaire chaque été depuis les onze ans de Lily, pour leur apprendre le respect, l’équité et l’entraide. De plus cette option avait plusieurs avantages. Le camp militaire était en France, ainsi ses enfants parlaient maintenant quatre langue couramment chacun, l’anglais, l’irlandais, l’espagnol et le français. Sans compter sur les cours de combat qui faisait que Lily pouvait se défendre toute seule si elle se faisait agresser.

A vrai dire, Lily ayant toujours vécu avec quatre homme sans repère féminin serait facilement qualifiée de garçon manqué, elle passait des heures devant la console avec ses frères et leurs potes, savait réparer des voitures, conduire une moto, et adorais toute activité physique, surtout celles à sensations forte comme l’escalade ou le saut à l’élastique. Elle était fan de foot et écoutais du RAP, parfois, trop souvent sans doute. Et pourtant seuls ceux qui la connaissaient pouvait affirmer qu’il s’agissait d’une sorte de carapace, parce que Lily était une douce tigresse, charmante mais d’une raideur perpendiculaire, aimée des siens mais redoutée des étrangers, la langue mordante mais le cœur tendre. La musique coulait dans sa chaire et son sang, elle adorait jouer de la guitare ou du piano et préférait encore plus chanter. C’était une façon de se sortir de sa routine. Tous les dimanches après le repas de midi, les Pearson faisaient un karaoké collectif, dansant ridiculement et chantant à s’en perdre la voix.

Rien cependant ne laissait penser au première abord que Lily pouvait se comporter comme un vrai petit mec, elle était fine, maladroite, fragile et s’habillait avec goût -après tout avoir une meilleure amie accro au shopping était dans son cas une sorte de bénédiction- elle avait une voix douce et charmeuse sans trop être mielleuse et surtout elle se comportait comme toute fille pendant une fête.

Lily avait depuis peu déménagé à Londres avec Julian pour ses études de droit comme ses deux autres frères s’étaient installés dans la capitale anglaise avant elle pour faire de la médecine ou de l’économie. Les partiels étaient passé et elle attendait anxieusement le résultat, c’est de cette manière qu’elle se retrouva dans la maison d’un ami à une amie, dansant saoul sur la piste de danse, flirtant de temps en temps. Elle avait mal aux pieds et besoin de se rafraichir. Alors la voilà qui franchissait une porte pour trouver un jeune homme assis, se préparant visiblement à snifer. Elle s’assit près de lui et sans vraiment faire attention à sa remarque et lui demanda un peu de poudre. Lily était fan des tatouages sur son corps, depuis un bout de temps déjà elle pratiquait le body painting n’osant pas graver se peau définitivement.

Sauf que se fut la dernière chose qu’elle se rappela avant de reprendre conscience dans une baignoire vide, une voix roque et masculine chantant un air qu’elle appréciais, une voix qui appartenais visiblement au mec tatoué qui lui avait taper dans l’œil et qui venait de la faire vomir pour lui éviter une overdose.